Je m’étais mis en tête de sortir de l’ombre. D’apparaître. D’être célèbre. Et très vite j’ai réalisé que mon image m’échappait : je n’étais plus que l’ombre de moi même ! J’ai enfourché mon vélo et j’ai fui … pour me cacher à l’ombre, au frais. Une bonne place juste avant le trou noir. Posé là, j’ai découvert tout ce qui se tramait dans le monde des corps opaques et des clairs-obscurs : trafics d’influence, combines, compromissions, intimidations, grigris, tags … J’ai eu peur, j’avoue. J’ai fui une nouvelle fois sans faire ombrage à qui que ce soit. Si ce n’est à moi. J’étais épuisé par tout ce temps passé à courir après mon ombre, à vivre dans mon ombre. J’ai craqué. Ma seule issue a été de retourner à la lumière mais en prenant bien garde de me mettre l’abri du soleil et des spots. Depuis je me contente des jours gris. Me voilà « météo sensible » et accro aux bulletins.
w.