Easy rider blues …
Avec le voyage comme raison un mois durant, avec 4715,4 km et 500 km en ferry découpés en une vingtaine d’étapes, assis sur ta chaise chez toi, tu as le blues. Le blues du rider.
Le blues du rider baroudeur qui flâne, se laisse bercer par le son de son moteur et les vibrations au gré du vent et des routes. En tenue jean de rigueur, il mate, respire, ressent, s’arrête, cause, s’installe. Et toujours il repart. Et il ne se prend jamais pour un (vrai) Motard qui roule pour dépasser et gober du km avec ses sacoches en ferraille, sa go pro et son micro attaché au casque et un habit de cosmonaute du bitume à cheval sur sa monture allemande. Non, jamais il ne fait pas ça. Il ne se prend pas non plus pour un motard sportif en Grand Prix sur routes ouvertes, bardé de cuir et de protection, la « poignée dans le coin » et le nez dans le guidon de sa japonaise avec sa passagère cul en l’air arrimée à lui (s’il en a une) et entouré d’une ribambelle d’autres sportives qui se tirent la bourrent, coupent les tournants et excèlent en queue de poisson. Non, jamais il ne fait ça et de toutes façons sa Harley ne suivrait pas. Non, lui, il les regarde juste passer : à chacun son film, après tout.
Le blues du biker rider … qui n’emmerde personne sur sa route, va son chemin, suit sa route à 80 km/h environ (son compteur Harley est imprécis). Il trouve même que cette nouvelle limite calme les conduites et les chauffards à de rares exceptions près. Et contre toute attente, il l’apprécie, le nez et le bandana au vent, le cul sur sa Harley. Alors que vous soyez motard, biker et/ou automobiste, pensez-y quand vous le croisez et dites-vous que dès qu’il posera sa machine au garage, sûr, il aura le blues du mec à l’arrêt, du sédentaire contraint. Le blues (tré)passe au bout de quelques jours.
Le blues du ride comme celui entre Coti Chiavari – Bonifacio par la côte ! Le blues des 104 km et 2h09mn, des 10 tournants au km où à chaque tournant, il faut freiner, décélérer, dégazer, rétrograder, tomber deux à trois vitesses, pencher les 450kg et ré/accélérer, monter les vitesses. 1000 fois il fera tous ces gestes. Le blues démarre au port … quand il apprend que le ferry n’embarquera pas et qu’il fera retour à la case départ. Penaud. Dans easy rider, parfois, il y a des moments qui ne le sont pas (easy).
Le blues de sa vieille Harley sale aux chromes qui brillent, sans pare brise, ses bagages hirsutes, ses cheveux blancs cachés sous le casque et toujours son bandana noué autour du cou. Son allure l’estampille » baroudeur rider biker aguerri et libre « . Elle parle pour lui et lui ouvre les portes de rencontres inattendues, parfois improbables : « vous venez d’où » » c’est pas fatiguant » « vous allez où » depuis combien de temps » qui entament la discusssion. Avec une allure de cosmonaute, de motard sportif ou en grosse berline allemande… l’effet n’est pas le même. Le contact non plus.
Le blues, l’easy rider l’attrape dès son retour à la maison quand son mode de vie change, freine devrais-je dire, quand la vie courante reprend le dessus avec ses habitudes, ses routines, ses faits et gestes répétés, ses pensées rabâchées et ses petits inattendus, imprévus.
Le blues vient de là : ne cherchez plus !
Mais la station sédentaire, par différence, appelle un prochain ride.
Les W. 💋💋
Ps : mon carnet de voyage est fini. Il ne me reste plus qu’à le copier/coller et à le faire imprimer sur du papier mat ou satiné. À voir.