Assis à mon bureau avec vue sur la Seine, je cherche depuis des années une solution nouvelle pour faire rentrer des sous dans les caisses vides de l’Etat. Après réflexion j’opte une taxe qui est plus indolore et plus discrète qu’un nouvel impôt. J’organise de longues réunions internes qui s’avèrent inutiles et finalement je trouve une idée, par hasard, en lisant un article des Échos sur les énergies renouvelables. Et c’est là que j’ai un déclic : il faut taxer l’énergie humaine car c’est le moteur de nos vies et, en plus, elle est pléthorique, inépuisable, renouvelable, écologique. Dans le fond c’est stupide de taxer les produits consommés par les citoyens alors qu’on peut les taxer eux. Tout simplement. Par précaution, pour me conforter dans mon idée, je cherche la définition de “énergie humaine”. Voici la définition.

Énergie humaine : [Domaine des êtres vivants] Dynamisme physique qui permet d’agir ou de réagir.

Le lendemain je convoque mon équipe d’experts, énarques comme moi, pour trouver une solution technique. Je veux dire une assise à cette taxe, comme on dit dans notre jargon. J’ai bien insisté : il me faut une base large, saine, crédible et claire pour cette taxe. Mes experts fiscalistes travaillent encore à la mise au point mais leur rapport intermédiaire de travaux indique que la taxation va porter sur l’énergie vitale car tant qu’il y a de la vie il y a un espoir … de collecter des sous. Leurs calculs montrent que 1€ par jour par citoyen rapportera 23 milliards par an. Il suffirait d’ajouter des tranches par exemple de 1 à 4 € d’autant plus que la durée de vie augmente. Donc plus un citoyen vit longtemps et plus il paiera de taxes. Et comme cette énergie humaine vitale est la matière première du PNB celle qui crée la valeur ajoutée, elle sera assujettie à la TVA comme tous produits. Taxer une taxe est un truc qui marche pas mal : les citoyens n’y voient que du feu et s’est bien plus indolore qu’un impôt. Cette nouvelle taxe se nommera VITAVIE. Et bien sûr les élus, les haut fonctionnaires et les journalistes en seraient exemptés grâce à une niche fiscale matérialisée par une déduction de leur impôt sur le revenu. D’autres exemptions discrètes peuvent être envisagées pour les catégories sociales qui se révolteraient par la suite contre cette taxe.

De mon bureau avec vue sur la Seine, j’ai après lecture de leur mémo, donné quitus à mes fiscalistes pour finaliser ce projet de loi. Au plus vite. Pour le bien de l’Etat.

De Bercy, le directeur du cabinet : A. Letat-Glouton.

Ps : cet éminent haut fonctionnaire a été promu au conseil d’Etat l’année suivante paré d’une toute nouvelle légion d’honneur.

Tag apparu à La Septième, rue de Bayonne, suite à cette nomination.

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